Ragout 2010 & 2020
« Caramel, bunkers et Corned Beef ». Tout s’est cassé la gueule, il ne reste plus rien. Vivre sur les ruines à venir d’une civilisation perdue. C’est décidé : « Nous appellerons notre enfant : Lapin Mort ». Sans parole. Barbouillé. Perdu. Dépeucé. Nu.
C’est le bon moment pour monter une secte et organiser des suicides collectifs. Les suicides collectifs tournent à plein régime. C’est enfin le succès. Les « Chevaliers Triomphant » et « l’Ordre Initiatique du Lotus d'Or » sont à la tête d’une magnifique entreprise de purification. Le suicide devient une « religion universelle » qui dispense à ses adeptes « l’enseignement de la vérité suprême », et les incite à devenir « poussière cosmique originelle de l'univers ». Assister à un vol d’hirondelle. Elles sont bien groupés, bien ensemble, compacte, groupiert, zusammen, um zu gut tzoo machen. Plus aucun souvenir. Si ce n’est un cauchemar où il braille « Allah Akbar » dans la rue. Et là des tonnes d’yeux inquisiteur se posent sur lui. Il découvre une inscription mystérieuse dans son bunker : Zicklein Laborbereich. Sans doute un signe de la présence dans les parages du cercle secret des adorateurs d’Adolph Hitler. Il en profites pour graver dans son bunker pour les générations futures : « Il n’ y aura pas un seul survivant, tous périront, aux périls du grand feu au bout du tunnel aspirés projetés emportés, la course sans fond, puits rugissant d’humanité suicidaire ». Vendre des armes et prier c’est la seule solution. Mais en retournant au village, il s’aperçoit qu’il n’y a plus que des zombis. Damned, les zombis s’installent dans la forêt. « Corona Zombi » Un film de zombis où les zombis sont des chanteurs morts, revenus des enfers pour sauver l'humanité. Avec Claude François au lance-flamme en train de cramer du virus en chantant les magnolias. Il a laissé un mot « Vomir ses rêves avant d’être conduit au bûcher. » Claquement des bottes sur le pavé. Les miradors de l’ordre. Les chemises de l’anesthésie. Fantômes errants dans la transe. Aux visages craquelés. Scintillements des civilisations perdues. Résonnant par delà l'oubli. La course continue. Chemins de croix fracassés d’ivresse. Fureurs maladives. Tout s’affaisse. Endiguer le flot rugissant, se raccrocher aux branches dans la chute.
Hurlements capitonnés. Toujours cette même vision. Hurlements des troupeaux décharnés. Au cimetière les mains des corps sortent de terre. Même les morts ne dorment plus. Des langues coupées et quelques pendus à l'entrée du village pour l'exemple. Embarqué dans une course sans fond. Gorges tranchées. Langues pendues. Personne ne pourra s’échapper. Corps ensevelis. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Aucune trace de vie ne subsistera. Frissons spasmes sclérosant la colonne vertébrale. T’attacher. Te ligoter. Le châtiment du rat à l’intérieur. Le rongeur te dévore les organes. Te couper les cordes vocales. Te remettre la camisole. Corps brûlés vifs sur le bûcher de la place publique. Morts ou vifs on ne sait plus qui est mort quand. Tout se mélange. Tout est de plus en plus flou. Hystérie collective du chaos, un bon traumatisme, un bon choc, que ça s’inscrive dans le cerveau, une balle dans la tête, tout le monde est unanime,. La montée des eaux, les réfugiés climatiques, les frontières fermées, le chaos qui vient. Envoyez l’armée, on s’accorde à dire qu’on à pas d’autres choix, que de réduire en cendre. Alerte rouge, c’est la fin du monde, l’extinction massive. A corps perdu dans la fuite, perdu dans les bois, tu parles aux loups, machine arrière tout simplement. Tu seras traîné sur la place publique, et tu feras tes excuses. Et en coulisse on t’exécute, on te jette dans la fosse, et un cadavre de plus, creuses et crève. « Finalement une balle dans la tête c’est pas si mal. » Débranchez les fils de l’appareil respiratoire. On va s’en remettre à la religion, on va se radicaliser, la confusion des temps, le retour en arrière, la meute aux loups hurlants, apocalypse des meutes zombis et puis l’armée zombis, et pour le cerveau une balle dans la tête on avait dis, la cervelle qui gicle, et tout le monde dissous de plus en plus, digéré par le grand vortex cosmique, on croirait la poussière des cheminées, corps consumés, calcinés, qu’importe les saisons, on aurait dit l’ambiance des camps avec la poussière, l’odeur, la putréfaction, endoctrinant le bordel des crachats dérisoires, la désintégration, l’anéantissement, lames brillantes, corps éventrés, corps démembrés, c’est la guerre qu’on veut, c’est la guerre qu’il nous faut, nous y voilà enfin, on est fait comme des rats. Quand tu contemples le vide, tu as envie de plonger, cela serait pareil se jeter par la fenêtre, le rire en ruines enlacé de secousses, carambole les contours du vide, sombres fêlures assassines titubant dans l’oubli des échappées sauvages. Ce n’est pas si compliqué, souviens toi, laisses toi happer, glisse doucement, ouvre la porte des eaux troubles, la casse des furias empalées, retranchés dedans de nouveaux charniers de basalte. Aux portes endormies, attiré par les sirènes du vide, vas donc là-bas pour gueuler à tue tête. Hordes de moutons zombis dans les villes devenues cimetières psychiatriques. Brebis égarées dans des vallées désertiques. Fureurs maladives tout s’affaisse. Glissade du tourment épileptique. Se raccrocher aux branches dans la chute. Endiguer le flot rugissant aux dérisoires effarements nocturnes. Fastes charnels aux confinements des couvres feux. L’échiquier sans fond saturé de poudre blanche. Sous les colonnes d’opiums frelatés, des cascades de plombs en fusion. Tout se mélange. Génération chat crevé ou rat mort c’est pareil. Foudres claquant les mysticismes d’outre tombe. Eclats sismiques aux feux rougissants. La minuterie de l'horlogerie suisse, la mécanique de la précision, de l'incision, sombres fêlures assassines titubant dans l’oubli des échappées sauvages, flot rugissant aux dérisoires effarements nocturnes.
Il faudra bien que l’on se coltine Mein Kampf. Chambre à gaz. Four crématoire. Hordes de déportés dans les cimetières psychiatriques de l’occident. Mécanique de la précision des employés du rail. L’écho des cris du monde qui se meurt dans des bains de sang inextricables. Des champs de batailles, des pertes nécessaires. Gnole et opium de brume pour qu'ils partent tout de même au combat. On les kamikaze. Parce que l'état major. Parce que le sacrifice et l’extase de la chute. Dans le miroir le reflet n’est plus le même. Décharnés errant dans les couloirs de la mort. Messes noires. Chemises de l’anesthésie. La poudrière c’est conçu pour génocider. Nous devenons consanguins pour préserver l’espèce. Rétine brûlée.
Quand ils descendent du train, on les accueille à coups de cris et de crosses. On élève en batterie, on les fous dans des box, on s’en fout. On leur gave la gueule avec des chiffons suintant l’éther. S’ils trébuchent on les amène à la douche. « Il n’ y aura pas un seul survivant, tous périront, aux périls des napalms et puis au grand feu au bout du tunnel aspirés projetés emportés, la course sans fond, puits rugissant d’humanité suicidaire »
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