L’homme s’organise en sociétés régies par la démocratieGrâce à la démocratie, dans le Nord du monde, ils mangent des sucres lourds et des animaux gras puis succombent étouffés dans leur graisse en criant docteur, docteur.
De l’autre côté, dans le sud du monde, les chrétiens d’Ethiopie peuvent jeuner la tête haute, nous prouvant que l’on peut garder la ligne, loin de Contrexéville. Ils sucent des cailloux ou des pattes de vautours morts et meurent aussi, tout secs et désolés, penchés comme les roses qu’on oublie d’arroser. Peut-on dissoudre les démocraties tyranniques en voie de développement ? Surement pas s’écrient les démocrates congénitaux à la solde de la république. Bien sur que si rétorquent les royalistes fanatiques hystériques à la solde des bourbons. Bref. Dans le Nord du monde, la démocratie nous guide vers les chemins du bonheur terrestre, sur la route de la vérité existentielle - orchestrant toutefois les indispensables guerres, dont le déchainement de bruit et de fureur constituent la seule vraie différence entre l’homme et la bête. L’homme, désormais sous le joug tragique du désarroi de ce siècle ci, où le sombre nous serre, d’une désespérance écorchée aux griffes glacées d’ingratitude du monde, traversant la vie sans bruit et s’effaçant à jamais, s’évanouissant à petits pas menus sous l’ère lumineuse des cavernes obscurantistes, aux plaines infinies des tourments éternels des âmes errantes gémissant aux vents mauvais de l’infernal séjour. La vie est un naufrage et nous sommes tous sur le même bateau, mes frères. Et nous voguons insouciants, jusqu’au jour où le miroir nous renvoie les premiers signes avant coureurs de la dégradation. L’insupportable gémissement de la vieillesse, l’agonie tambours battants accablés par le souffle infernal et brulant du dictat des banquiers. Tous pétris d’une trouble désespérance à l’idée de la brièveté de notre passage sur terre. Sombre tempête intérieure, lourde d’inextinguible angoisse, l’homme s'enfonce désespérément de jour en jour au rythme lent de sa propre décadence. Comme disait madame Rosenblum en se dissolvant dans la baignoire d’acide sulfurique du docteur Petiot : ‘’on est bien peu de choses’’. Mais bien qu'il n'y ait plus de saisons et que le prix du super ait encore augmenté, de nombreuses personnes renâclent à l'idée de mourir un jour. La vie est une maladie à évolution lente, caractérisée par une dégénérescence des cellules, amenant troubles physiques et mentaux qui iront en s’aggravant de manière inéluctable. Le but de l’homme moderne sur cette terre est à l’évidence de s’agiter sans réfléchir dans tous les sens, afin de pouvoir dire fièrement à l’heure de sa mort qu’il n’a pas perdu son temps. Moralement, de très nombreuses personnes parviennent à supporter assez bien la vie en s'agitant pour oublier. C'est ainsi que certains sont champions de course à pied, alcooliques, président de la République, ou chœurs de l'armée rouge. Autant d'occupations qui ne débouchent évidemment sur rien d'autre que sur la mort, mais qui peuvent apporter chez le malade une euphorie passagère jusqu’à l’âge mûr, l'âge mûr étant par définition, la période qui précède l'âge pourri. Heureusement, pour garder la joie de vivre, on peut boire des alcools effroyables et aspirer à gueule ouverte les volutes de paradis perdus. |
" Mort ou vif "
Adaptation de textes de Pierre Desproges
Adaptation de textes de Pierre Desproges