Pulsions innomables
A y est c’est le printemps. Essayons d’oublier un instant l’imminence de l’apocalypse nucléaire suprême. Oublions l’holocauste atomique ultime pour s’adonner aux plaisirs de l’amour dans les folles prairies de l’insouciance.
Débarrassons nous un temps de l’étouffante enveloppe charnelle, où s’ébroue sans répit la bête ignominieuse aux pulsions innommables, dont l’impérieux désir, jamais assouvi, attise de son souffle obscène, la flamme sacrée de l’idylle tendre, dont il ne reste rien que ce tison brandi, qui s’enfonce en enfer avant que ne s’y noie son éphémère extase, qui nous laisse avachi sur ces lits de misère, où les cœurs ne jouent plus qu’à se battre sans vibrer, pour pomper mécaniquement l’air vicié des hôtels insalubres. Pour une amusette anodine, nous nous étions liés d’une amitié sans pareil, qui n’avait d’égal qu’un amour consanguin. Comment résister à l’appel de ce désir de chair, à l’extase de mordre dans un sein d’adolescente exquise. Délicieux cheveux blonds soyeux, à jamais épandus sur le coussin de soie rouge où nous étions couchés, boursouflé de visions d’angelots se chevauchant comme des bêtes. D’un bouquet de roses qui fit chavirer mon cœur, son visage cascadant m’adressa un sourire camarade. Oh déception cruelle, déconvenue assassine, l’onde de choc de sa beauté s’éclipsa, me laissant à jamais seul dans le purgatoire des vivants. Aujourd’hui un peu plus mort qu’hier, et bien moins que demain. |