Handicapés moteurs, ça tourne !Les présidentielles de 2017 ont sonné d’une intensité inconnue sur l’échelle du regretté Richter. Il faut remonter à l’Allemagne des années 30 pour retrouver un tel engouement collectif pour les élections. Car oui, grâce à la démocratie, l’homme peut voter sans tirer sur la laisse. Elections 2017 ! Des programmes bâclés à la tronçonneuse. Des candidats livrés à la débauche obscure des naufragés médiatiques. Des militants à l’ivresse désordonnée des joies éthyliques. Des journalistes, péripatétiques éperdus de dévotion, à l’honneur bafoué de collusions perpétrées. Des meetings, apogée de l’hystérie bramante. Exultations de masses, où l’exquise envolée subjugue la foule haranguée, effaçant sur le sable les souvenirs d’un pays aux terres brûlées par un quinquennat destructeur. La campagne. Foire aux bestiaux, où l’on attend avachis devant nos postes de télévision, la clairvoyance glacée, le lyrisme rigoureux, l’idée fulgurante, d’où jaillirait aux sommets inconnus du sublime, les prémices d’un monde meilleur. Les prédateurs candidats du trône, fiers et sereins, inébranlables sur le chemin escarpé de la félicité éternelle, purs et durs face à l’âpreté du destin. Au fronton du mausolée des inconnus à la déliquescence placentaire, ils vont ébranler des certitudes et susciter des suspicions. La couronne au front, le sceptre à la main et par la seule force de la prière, ils nous projettent en pleine science fiction dans l’avenir. Et puis comme à la loterie, vient le moment tant attendu des résultats. Quelques secondes de flottements, où l’on esquisse l’air con des lapins stupéfaits. L’air lourd. L’immense d’un temps suspendu comme une éternité tranquille. L’attente aux furies galopantes. Le poids de l’inéluctable frémissant à l’infini, claquant aux sables vierges, paisible sur l’horizon pourpre. Et là, oh stupeur. Froid blanc d’une horreur innommable. Fureur immonde de monstres irréfutables. Violence submergeant la fougue populaire. Tel un scaphandrier d’apocalypse remonté trop brutalement des enfers. Et là oh stupeur. On en reprend pour 5 ans de capitalisme. Créboudiou quel coup de théâtre. Et rappelez-vous mes frères. Sans la liberté de censure, c’est l’oppression qu’on bâillonne. |