Aux Frontières
Des gorges asséchées aux déserts traversés, cours. Cours le long de l’autoroute. Evite la traque. Cours. Fuit la rafle. Marche. A la nuit tombée, cours. Somnoler. Le monde de la somnolence. Entre rêve et cauchemar. L’antre deux mondes. Somnole. Où l’on ne dort plus. Somnole. Où l’on divague. Somnole. Baver l’écume de jours tendus. Aux révoltions avortés. Un tas aigle au dessus de la tête des amas d’insurgés. La dissidence. Quand bien même la chute des régimes. Le vent souffle, balayant le vivant. C’est au dessus de la tête des révolutions de la poudre aux yeux du divertissement l’illusion entretenue concentrationnaire. Somnole. Tout n’est plus qu’illusion. La somnolence. Les brebis toutes encordées si tu lâche la corde ils t’abattent ils feront tout pour t’abattre tu pourras courir rien n’y fera. Somnole. Laisse-toi bercer par la somnolence. L’hémicycle déborde de sang. Somnole. Il y a des barbelés jusque dans la méditerranée. Frontex. Europe troupes unies. Des barrières de corail aux planctons dévastateurs. Les boat people s’échinent et s’échouent sur les iles tampons. Police des barques de noyade. Frontières d’occident pour empaler qu’ils crèvent à nos portes. Des containers où s’entassent les peuples à terres. Qu’ils supplient dette FMI esclavage ad vitam. Tombeaux pillés d’impérialisme occidental. L’horreur aux mains propres. Tranquille détail de l’histoire. Maintenant tout s’éclipse dans des parloirs aux griffes d’aciers. Barbelés d’Europe éponges dégueulasse des dégueulasseries du monde. Scieurs de cœurs éperdus de l’armée rouge prolétarienne. Aux copeaux répandus par la race arienne monétaire supérieure. La race monétaire toujours supérieure aux gènes vainqueurs. Décharnés errant dans les couloirs de la mort consumériste, on rampe à 4 pattes pendant aux crochets des bouchers, dans d’infinis caniveaux d’où jaillit le foutre du corps français traditionnel. Achète eurotunnel on te dit. C’est un bon investissement. La construction des barbelés de calais. Et puis fête le mur allemand qui tombe. A l’orée des frontières on contrôle, on flique, on poursuit, on traque. Des bulldozers dans la jungle et des éloignements. Faut réguler les flux et dissuader. Il faut qu’il soit bon élève le ministre du racisme et de l’identité nationale. Faut que les gaulois ils deviennent des consangroins. Viens mon petit quinquin. Tu ne souilleras pas le sang de l’espèce avec tonton. Oui madame, pour 4 réfugiés afghans dénoncés dans votre village, un orphelin d’Haïti offert ! Pour finir parlons linguistique. Si je dis : ‘’Objectif 28.000 reconduite à la frontière’’, je suis un ministre. Alors que si je dis : ‘’Objectif 28.000 juifs reconduits à la frontière’’, je suis antisémite. Et antisémite c’est mal. 3w.disparitions.eu : grâce au site web, retrouvez au jour le jour, les horaires de départ des charters pour Kaboul, et mille et unes autres destinations. Une fenêtre ouverte sur l’efficacité de la politique d’identité nationale, et des objectifs du corps traditionnel français de déportawuite à la frontière. En 2011, 33.000 expulsions. Alors que l’Objectif était de 30.000. Alors là je dis bravo, bonne année monsieur le ministre ! |
D’abord la boite crânienne ramollie, puis les vers qui grouillent au-dedans. Et ronge ronge la cervelle. Et puis il ne restera plus que les os. Nos os croulants sous terre. Charnier, nous deviendrons charnier. Aux tumultes du temps, vieillis de crevasses, putréfiés de vieillissement. Corps cadavériques. Corps amoncelés, collés les uns aux autres. Charnier, nous deviendrons charnier. Nous deviendrons putréfaction. Et notre âme céleste flottera par delà les cieux.
Hurlements capitonnés. Toujours cette même vision. Hurlements des troupeaux décharnés. Au cimetière on ne dort plus, les mains des corps sortent de terre. Insomnie perpétuelle. Boucherie morbide. La marche de la mort quitte Auschwitz. Shoah qui glisse sur nous comme un détail de l’histoire. La mécanique de la précision. Des employés du rail des convois de Drancy. L’écho des cris du monde qui se meurt dans des bains de sang inextricables. Destinées perdue. Il faudra bien que l’on se coltine Mein Kampf. Chambre à gaz. Four crématoire. De la fumée. Hordes de moutons zombis dans les cimetières psychiatriques de l’occident. Chemins de croix fracassés d’ivresse. Dans le caniveau. Le tout à l’égout. Que nos corps disparaissent à jamais. Fureurs maladives. Souviens toi. Le vide. La paralysie. La glissade. Tout s’affaisse. Se raccrocher aux branches dans la chute. Endiguer le flot rugissant aux dérisoires effarements nocturnes. Le claquement des bottes sur le pavé. Les miradors de l’ordre. Les chemises de l’anesthésie. Fantômes errants dans la transe. Aux visages craquelés. Gorges tranchées. Langues pendues. Scintillements des civilisations perdues. La course continue. Donnez les doses d’oubli. Tout s’éclipse. Il ne reste plus rien. Dans les égouts on finira à crever à même le sol. Tout le monde s’en fout. Des charniers. L’ineffable course. Confusion des temps, symphonie désarticulée, hurlements sauvages, obsession amniotique, cris sacrifiés résonnant par delà l'oubli. Des champs de batailles, des pertes nécessaires, opiums de brume pour qu'ils partent tout de même au combat. On les gnôle. On les kamikaze. Parce que l'état major. Parce que le sacrifice. Décharnés errant dans les couloirs de la mort. Extase de la chute à l’orée des falaises de craie. Des langues coupées et quelques pendus à l'entrée du village pour l'exemple. Cauchemars de la récurrence. Corps brûlés vifs sur le bûcher de la place publique. Qu’on se congratule d’avoir anéanti la résistance dedans de nouveaux charniers de basalte. Continuer malgré les coups à l’intérieur du crane. Le broyeur. Meurtris d’abandon. Dans le miroir le reflet n’est plus le même. Messes noires. Chemises de l’anesthésie. Visages craquelés. La poudrière c’est conçu pour génocider. Personne ne pourra s’échapper. Nous devenons consangains pour préserver l’espèce. Rétine brûlée. Corps ensevelis. Embarqué dans une course sans fond. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Aucune trace de vie ne subsistera. Frissons spasmes sclérosant la colonne vertébrale. Le châtiment du rat à l’intérieur. Le rongeur te dévore les organes. T’attacher. Te ligoter. Te couper les cordes vocales. Te remettre la camisole. Morts ou vifs on ne sait plus qui est mort quand. Tout se mélange. Tout est de plus en plus flou. |